L’aventure a commencé en fin d’année 2008. À cette période, Philippe L. et moi avons décidé de créer notre propre web studio. Nos chemins s’étaient déjà croisés auparavant, notamment lorsque nous avions collaboré sur un projet de Social Media Monitoring nommé Breathe pour l’agence Duval Guillaume, une filiale du groupe Publicis.
Notre rapprochement s’est accentué grâce à notre intérêt commun pour le framework de développement Ruby on Rails. Ce nouvel outil permettait aux entreprises de lancer rapidement des applications web modernes et orientées utilisateur.
J’étais à l’époque employé de Duval Guillaume, mais l’envie d’entreprendre se faisait sentir. Philippe partageait ce sentiment, tout comme notre vision d’un projet écologique, Naturesca, une plateforme reliant agriculteurs et consommateurs. Nous avons donc fondé notre studio web, redstorm, avec l’ambition de travailler à la fois pour des clients et sur nos projets personnels.
Pour concilier cet entrepreneuriat avec une certaine stabilité financière, j’ai pris un poste à temps partiel comme consultant en développement marketing chez DVD Post, la version locale de Netflix à l’époque. Philippe et moi consacrions le reste de notre semaine à redstorm.
Nous avons loué des bureaux rue des Champs Élysées à Bruxelles, un espace que nous partagions avec d’autres entrepreneurs. C’était une période excitante : le web était en pleine effervescence et les plateformes comme Facebook commençaient tout juste à émerger en Belgique.
Grâce à mon réseau professionnel, nous avons été mis en contact avec Patrick W. par l’intermédiaire de Pierre DN. Ce dernier était un contact professionnel de longue date avec lequel j’avais collaboré sur plusieurs projets au début des années 2000, et aussi un parent éloigné. Il avait plusieurs idées de projets entrepreneuriaux et c’est lui, je crois, qui nous a présenté à Patrick (ma mémoire peut me jouer des tours évidemment).
Suite à la rencontre avec Patrick W., responsable du projet Brandialog, qui a pour but de connecter les marques aux consommateurs via une plateforme web, il devient client de redstorm pour développer son site web et son interface de dialogue entre marques et consommateurs. C’est dans ce bouillonnement d’idées et de projets que Philippe et moi revoyons Pierre DN, un individu qui, à l’époque et pour nous, force le respect de par son parcours professionnel. Ex-consultant chez McKinsey, il a également travaillé pour de grandes entreprises, et dirige sa propre boîte, une société spécialisée dans le marketing automation et donc, baignant dans le milieu du marketing digital.
L’ambiance est électrique, à l’image de ces réunions où l’on sent que quelque chose de grand peut naître à tout moment. Pierre commence à partager ses idées de start-ups. Certains concepts sont prometteurs, d’autres moins, mais soudainement, il lâche cette bombe : « Que diriez-vous de vendre des lames de rasoir en ligne, sur un modèle d’abonnement ? » Philippe et moi échangeons un regard dubitatif; après tout, nous sommes tous les deux barbus. Mais Pierre insiste, décrivant son ennui pour le monopole de Gillette et la logistique compliquée pour acquérir des lames de rasoir en magasin. Il va même jusqu’à suggérer un modèle d’abonnement, inspiré de LinkedIn ou même Netflix.
Là, on sent que la pièce change de température. Il y a quelque chose d’intéressant ici. Et puis, le clou du spectacle : Pierre a déjà un nom pour ce projet. Il propose de l’appeler « razwar, » mais en l’écrivant d’une manière unique : R A Z W A R. C’est là que je réalise que nous tenons quelque chose de potentiellement énorme.
Il y a ce moment dans chaque aventure entrepreneuriale où tout devient soudainement clair. Pour nous, c’est ce moment-là. En entendant ce nom, cette idée, ce modèle d’affaires, tout s’imbrique soudainement. On peut presque entendre un déclic dans la pièce. Voilà, on la tient notre « Big Idea, » et ça, c’est le pur frisson de l’entrepreneuriat.
Dans la foulée, je créé le brand manifesto de la marque qui servira de base pour briefer le graphiste à la réalisation du logo…
Ndla: Pour info, razwar sprl n’a jamais existé 😉